Le journaliste François Ruffin est un héros. D’un courage hors-norme. S’attaquer en France à Bernard Arnault, personne n’ose. Avec sa trésorerie personnelle de plus de 30 milliards d’euros, il arrive toujours à obtenir ce qu’il veut, à savoir le silence et la déférence. Mais il y a un contre exemple, enfin. Un grain de sable qui va le gratter dans ses Berluti. Du genre à faire mal sur la durée. Ce contre-exemple vient du journal satirique Fakir, et réalise son premier documentaire, «Merci patron», où il piège, avec une ironie jouissive, le milliardaire Bernard Arnault grâce à un couple de chômeurs de l’Avesnois.
Et pour ce couple, Jocelyne et Serge Klur, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, mais elle a été délocalisée en Pologne. Voilà le couple au chômage, criblé de dettes, risquant désormais de perdre sa maison.
C’est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte. Il est confiant : il va les sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne sœur rouge, de la déléguée CGT, et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira porter le cas Klur à l’assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le coeur de son PDG, Bernard Arnault.
Et il y arrive le bougre. A tel point que Bernard Arnault fait envoyer chez le couple un commissaire des renseignements généraux qui travaille dans l’équipe rapprochée du PDG.
On y découvre alors les manœuvres pathétiques pour acheter une forme de paix sociale avec une scène qui deviendra sans doute culte : « On va vous donner de l’argent, mais il faut que ça reste secret et surtout, ne prévenir ni les journalistes, ni les syndicats. » Ouais, ouais.