Vous avez aimé Chef’s table sur Netflix ? Vous allez probablement adorer cette nouvelle série documentaire sous forme de portraits, non pas de chefs de cuisine mais d’artistes photographes.
Le réalisateur Martin Zarka ré-invente pour chaque film et chaque portrait une narration cinématographique et un univers visuel singulier, inspirés par le photographe et sa démarche artistique et créative.
Le premier épisode nous embarque au Mexique, à Cancun, pour suivre les aventures de la photographe canadienne Kourtney Roy, à la personnalité rock et un peu barrée, spécialiste de l’autoportrait, dans la création de sa dernière série photo.
Le deuxième épisode présente le photographe documentaire Joakim Eskildsen et son combat pour transmettre son héritage culturel et ses valeurs aux jeunes générations. Dans ce portrait, l’apparition de la non moins célèbre directrice photo du New York Time magazine Kathy Ryan vient nous éclairer sur la sensibilité particulière de ce photographe.
Pour en savoir plus nous avons voulu questionner le réalisateur talentueux Martin Zarka.
Pourquoi avoir voulu réaliser une série documentaire sur des photographes ?
En 2014, j’avais réalisé un court métrage sur le photographe Remi Chapeaublanc.
A travers ce portrait, j’avais tout de suite eu envie de raconter son histoire, parler de son regard, son angle, sa sensibilité. J’avais d’avantage travaillé la mise en scène sur l’aspect narratif que visuel. C’était une première approche et une première façon de parler des photographes.
Avec ce nouveau projet de série documentaire en épisodes, je crois que j’ai réussi à enfin assouvir mes ambitions visuelles. C’est extrêmement intéressant pour un cinéaste de travailler son rapport à la photo. On pense tous à Kubrick, reconnu pour sa maitrise du travail photographique dans ses films. Nombreux sont les cinéastes qui ont un goût prononcé pour la photographie. D’autres, comme le producteur Marin Karmitz, sont aussi des collectionneurs: une photo peut être le début d’un film.
Je pense aussi à des cinéastes contemporains, comme par exemple David Fincher. Un mouvement de 24 ou 25 photogrammes par secondes. On pourrait parler très longtemps pour étudier l’image sous toutes ses formes. Rendons hommage à Gilles Deleuze et sa magnifique œuvre, L’image temps / L’image mouvement. Le cinéma se nourrit de la photo et vice et versa.
Qu’est-ce que les photographes peuvent apporter en ces temps troubles ?
La photographie a cela de magique qu’elle est multiple et variée. C’est une ouverture sur le monde et un imaginaire. Elle nous permet de voyager dans cette période particulière où le monde entier est bloqué à la maison.
Un photographe a souvent une façon de voir le monde qui lui est propre. Elle est souvent singulière. Je pense que le photographe et l’artiste en général, nous invite à observer notre quotidien, avec une perspective qui ne nous est pas forcement naturelle au premier abord en tant que spectateur. Voir les choses avec leur regard, c’est-à-dire le regard de l’autre. J’y vois là une des bases de l’altruisme.
Se mettre à la place de l’autre pour comprendre qu’il n’y a pas une vérité, mais des vérités. Les photographes nous aident surement à observer et réfléchir le monde dans sa richesse et sa diversité.
Pourquoi précisément commencer ta série avec Kourtney Roy et Joakim Eskildsen ?
Les deux premiers épisodes présentent deux photographes à la pratique et au style différent. Kourtney Roy est spécialiste de l’auto-portrait (elle se photographie donc elle-même) et se met en scène dans des univers oniriques. Joakim Eskildsen est un photographe documentaire, qui travaille en lumière naturelle, sur des sujets engagés, comme par exemple la pauvreté aux États-Unis, ou encore, la condition des Roms en Europe.
Deux univers et deux manières de faire de la photo très différents. Après, c’est aussi, bien sûr, parce que ce sont deux grands artistes avec une sensibilité et un travail remarquable. Nous allons continuer la série dans cette démarche et continuer de monter des artistes et des pratiques totalement différentes.
Peux-tu nous dévoiler la suite de la série ?
La seule chose que je peux te dire c’est qu’on est en train de développer d’autres épisodes avec des artistes incroyables avec l’envie de vous surprendre et de créer des épisodes inédits. On réfléchit également à la diffusion de la série sur une grande plateforme, comme Netflix, Arte et d’autres pour développer et toucher une plus large audience.
Et pour finir comment imagines tu ta profession post-covid-19 ? Qu’est-ce qui va changer ou évoluer selon toi ?
Avec le COVID ? l’économie mondiale s’est arrêtée. J’espère qu’elle n’emportera pas avec elle cette série.