Rarement la ligne entre documentaire et film n’aura été aussi ténue que pour l’œuvre de Damon Russell, Snow on Tha Bluff. Dans les premiers projets de Damon, l’un était tourné dans le ghetto d’Atlanta, The Bluff. Après avoir vu ce film, un habitant du quartier, Curtis Snow, a appelé le réalisateur lui demandant de faire un film sur sa vie, principalement faite de deal, de prison et autres festivités. Le film commence par le vol d’une caméra par Snow qui va ensuite filmer son quotidien. Pour l’instant, tout ça ressemble à un scénario préétabli. Sauf que Damon a juste « commencé à tourner ce qui se passé autour de moi. Alors qu’on ne faisait pas grand-chose, si une ambulance passée, suivie de cinq voitures de police, on prenait tout le monde, et on allait voir et on filmait tout ce qui se passait là-bas. Les choses avançant, on a vu une histoire se construire ». Au final, un film hilarant et poignant, où le héros, ou plutôt antihéros, se révèle aussi intelligent et plein de ressources qu’il est violent et irresponsable.
« Curtis a été arrêté cinq fois pendant le tournage et moi, une fois avec lui ». Parmi les références de Damon Russell, on s’attendrait à voir Menace II Society ou Boys in the Hood, mais non, le jeune réalisateur préfère La Haine de Mathieu Kassovitz, la trilogie Pusher du Danois, Nicolas Winding Refn et la téléréalité. En fait, Damon Russell fait le chemin inverse de cette trash TV qui tente de rendre réelle la fiction pré écrite, lui, préfère donner un peu de légèreté à une réalité bien assez folle comme ça.