Il revient après 13 années d’absence à Cannes. En 1999, il présentait son Pola X. Aucun prix et de nombreuses critiques. Ce pourrait-être le résumé de la vie de Leos Carax. Pourtant, en 1980, son court métrage Strangulations Blues, le place parmi les réalisateurs les plus prometteurs pour sa maîtrise technique incroyable et son audace tout aussi surprenante. 30 après, il reste l’un des réalisateurs les plus énigmatiques du 7ème art. Pourtant, Leos Carax inspirait certainement à plus de reconnaissance, comme le souligne son pseudonyme (il est né Alexandre Oscar Dupont) anagramme d’Alex et d’Oscar en référence au prix.
En 2012, il est en compétition officielle pour Holy Motors.
Holy Motors c’est l’Ovni annoncé du festival. Ce qui, en présence de David Cronenberg, est un immense compliment. L’histoire d’un acteur qui voyage de corps en corps, se glissant successivement dans la peau d’un meurtrier, d’un P-DG ou d’un père de famille. Au casting évidemment son acteur fétiche, Denis Lavant, mais aussi Michel Piccoli, Eva Mendes et Kylie Minogue (éclectique vous avez dit ? Amy Winehouse et Bertrand Cantat furent un temps annoncés ).
Le réalisateur des Amants du Pont Neuf est donc de retour. Un retour à savourer. Le film de 1991, avec Juliette Binoche (sa compagne d’alors), avait été tellement mal accueilli qu’il avait plongé le réalisateur dans dix années de mutisme. En 1999, il revient donc avec Pola X. Même accueil (sauf pour Jacques Rivette, le réalisateur de La Belle Noiceuse estime qu’il s’agit du « plus beau film français des dix dernières années« ) et même résultat. Une décennie d’absence. Ou pas tout à fait, puisqu’il profite de son retrait du cinéma pour épouser le monde de la musique. Il co-écrit les paroles de Quelqu’un m’a dit de Carla Bruni. Il réalisera son clip, mais aussi celui d’Iggy Pop et de New Order.
Que l’on aime ou pas, ou plutôt que l’on déteste ou que l’on adore (il y a rarement de demie-mesure avec lui), Leos Carax est un poète. Un vrai. Un écorché. Ses films sont à l’image du visage de son acteur Denis Lavant. Marqué, grêlé, mais aussi envoutant, doux et surtout ultra expressif. Alors, s’il vous plaît messieurs les festivaliers, un accueil mesuré pour Holy Motors que l’on n’attende pas 2022 pour revoir Carax.