La guerre des contenus ne fait que commencer. Et pour ne rien vous cacher et rentrer dans le vif du sujet, les Français et plus largement les Européens sont dans la panade, puisque tout est en train de se jouer maintenant et nous ne faisons pas partie de la compétition. De la transformation de magazines comme Rolling Stone ou New Yorker en séries TV en passant par la naissance de Viceland, nous nous devions de faire un état des lieux des différentes révolutions qui vont bouleverser selon nous la production de contenus originaux dans l’année à venir.
Pour commencer, le groupe Vice, valorisé à plus de 4 milliards de dollars, lance Viceland sa propre chaîne de télé aux Etats-Unis, qui fait ses débuts en Amérique du Nord. Sur l’ancien canal H2, qui va toucher d’un coup 71 millions de téléspectateurs, plus 7,5 millions au Canada, alors que nous pauvres français on galère à lancer Molotov.tv, censé réinventer ce médium, tout en commentant mollement la chute de l’empire Canal +. Alors même que nous savons que Viceland sera bientôt accessible en Europe (et dans le monde entier via ses programmes en ligne sur Viceland.com), où le groupe est en discussion avec rien de moins qu’une douzaine d’opérateurs.
Avec son milliard de dollars de chiffre d’affaire l’an dernier, le groupe Vice attire toutes les convoitises. Après l’arrivée au capital du vaniteux Rupert Murdoch et de Time Warner comme partenaire via sa chaîne payante HBO, c’est au tour de Disney de miser 450 millions de dollars, possédant donc désormais 10 % du groupe.
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On est donc en droit de se demander avec l’arrivée de Disney et la présence de Murdoch ce que va devenir la ligne éditoriale de Vice ? Et si d’une certaine manière la marque n’a pas déjà vendu son âme au(x) diable(s) en acceptant l’argent des plus importants censeurs du XXIe siècle. Comment conserver l’ADN punk des débuts alors même que les actionnaires étaient ceux sur qui hier Vice tirait à boulets rouges ?
Mais les dirigeants actuels ne se posent pas ces questions. Parce qu’ils savent que, malgré ce que racontent les experts dans le digital, la télé attire encore 75 % des revenus publicitaires. Un nouveau marché existe, il est vrai, sur l’internet et le téléphone mobile mais quand on veut rentrer dans la cour des grands, même en 2016, il faut, en plus des multiplateformes, avoir une chaine de télé. L’unique moyen d’être reconnu par le monde soit disant classique de l’audiovisuel.
Ce qui expliquerait aussi pourquoi les magazines auraient le désir de se transformer en séries TV.
Dernier exemple en date, après bientôt un siècle d’existence le magazine américain New Yorker a décidé de s’incarner aussi sous forme de série télévisée.
Et c’est l’idée même qu’on essaye de vendre en France depuis la naissance d’APAR.TV : traduire un magazine sous forme audiovisuelle.
Tout le monde s’est moqué de nous ces quatre dernières années et aujourd’hui, évidemment, avec le succès critique des premiers épisodes sur Amazon Prime, tous les magazines vont s’empresser de suivre le pas.
Seul bémol tout de même sur la série « New Yorker x Amazon Prime », est que nous aurions aimé des idées neuves et non de la récupération d’archives. Autrement dit, il est dommage que chaque épisode puise dans les archives pour assembler des fictions, des documentaires ou encore des billets humoristiques. Les deux premiers épisodes mettent en scène « l’acteur Paul Giamatti qui joue Balzac, buvant 50 cafés par jour » ou « le cinéaste Steve James qui fait le portrait de deux jeunes stars du rodéo, le sport le plus dangereux au monde ».
Mais l’idée viendrait apparemment de Condé Nast Entertainment, propriétaire du New Yorker et comme il sait qu’il est sur le point de mourir à cause entre autres de l’arrivée d’Instagram et d’une propagande éditoriale devenue sans aucun intérêt pour les nouvelles générations, le groupe cherche à tout prix à survivre encore un peu. A tel point apparemment que la marque agonisante réfléchit à se lancer dans la production cinématographique.
Bref, ce n’est donc pas du côté du New Yorker qu’il faudra attendre la vraie révolution en terme de création de contenus originaux mais plus du côté de Showtime qui est en train de se positionner avec le célèbre magazine Rolling Stone.
Avec toujours le même concept, créer un contenu novateur, où le magazine deviendrait un show tv à part entière.
C’est encore secret, mais Showtime aurait commandé un premier pilote d’une demi-heure pour « une série-docu autour de la pop-culture » dans la veine donc du magazine Rolling Stone.
Comme nous l’expliquions dans une liste des tendances de la production audiovisuelle à la fin de l’année dernière, demain, Facebook et Twitter vont se lancer dans le contenu original ainsi que dans le « contenu à la carte » comme Netflix, Hulu et Amazon. Il va donc falloir offrir la possibilité au spectateur de regarder ce qu’il veut, quand il veut, où il veut. Autrement dit, le contenu doit répondre à la nouvelle demande. On va voir apparaître des niches de contenus créées et diffusées pour des COMMUNAUTÉS spécifiques.
En 2020 les prédictions annoncent 130 millions d’abonnés pour Netflix. Avec l’arrivée en force d’Amazon Prime, l’Europe risque de se voir reléguée au rang de migrant de l’entertainement. Puisque celui qui sort de la bataille de l’image perd instantanément la guerre de contrôle des consciences. Pourquoi croyiez-vous que les États-Unis ont pu conserver aussi longtemps la première place de dominant mondial ? Parce qu’ils ont inventé Hollywood les premiers. Mais ce n’est plus tout à fait notre sujet.
Vous aurez compris que les sociétés de production et de divertissements sont encore aux débuts de la façon dont ils travaillent avec les nouveaux médias mais cela est en train d’évoluer.
Avec NETFLIX-HULU-AMAZON : nous arrivons dans l’ère d’or du streaming.
Les gens disent que nous sommes à l’ère de la télévision d’or, mais en réalité, nous sommes en train d’arriver à l’ère du streaming de contenus en or.
Cette tendance va se développer comme jamais tout au long du prochain quinquennat et conduira à des partenariats encore plus passionnants dans la création de nouveaux contenus. Et nous en serons, soyez en sûrs.