Alexandra Levasseur est une Canadienne de 32 ans, ou de 132 ans, on ne sait pas bien. À l’heure où l’animation se conjugue exclusivement au digital, elle préfère le manuel. Des dessins esquissés comme on rédige un poème fulgurant, sur un sous-verre, en voyant l’être aimé partir, « Ô toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais« . Un trait faussement enfantin et faussement simpliste. C’est un essentiel. Quand le dessin, comme l’image ou le mot, se fait essentiel, il devient pure émotion. L’expression la plus simple. Le sourire ou la larme.
Dans son propos ambivalent, Alexandra Levasseur réussit une poésie rare puisqu’elle met en exergue une dichotomie qui n’est en opposition mais en superposition. Des antinomies fusionnantes et complémentaires. Une vision de l’univers qui quitte la linéarité occidentale pour épouser une énergie cyclique d’un univers se nourrissant toujours de lui-même. Un univers où les valeurs, ici exacerbées par la simplicité du dessin, se révèlent pour ce qu’elles sont : les feuilles différentes d’un même arbre.