Quelle est la différence entre le selfie et l’autoportrait ? L’art.
Et à ceux qui en doutent, laissez-nous vous présenter le travail de l’Italienne Anna Di Prospero. Elle se met en scène. Seule, avec sa famille, ses amis, des étrangers. Sur des photos retouchées, jouant seulement avec les lumières ou ultra réalistes. En ville ou la campagne. Une telle variation de l’art photographique que le sujet semble changer à chaque prise. Et voilà l’essence même de l’art. Celui de transcender l’artiste, et si possible, le spectateur. Devenir quelqu’un d’autre, le temps d’une œuvre. Les artistes sont toujours un peu fatigués d’eux-mêmes.
En changeant de cadre, l’artiste change ce qu’elle présente d’elle-même. Comme si nos différentes personnalités dépendaient plus du décor que des personnages. En se fixant avec insistance, on voit le panel de l’humanité s’étaler devant nos yeux. Regarder dehors ou se regarder jusqu’à la nausée, pour ne plus se voir. S’oublier ou méditer.
Anna Di Prospero a partagé sa vie dans les deux villes qui encerclent l’ère moderne de l’humanité. De Rome à New-York, de la ville éternelle à la ville qui ne dort jamais. De Rome, elle a ramené une lumière. Celle que l’on voit le soir, sur les toits romains lorsqu’on flâne sur la rue longeant la villa Medicis entre la Piazza del Popolo et la Piazza di Spagna. De New-York, elle emporte une énergie sans nom, celle du corps s’exprimant dans l’empire du béton, criant son existence épidermique.
Si vous vous trouvez du côté de Marseille, courez au Percolateur, où l’artiste est en résidence pour un mois.