Le Huffington Post nous « révèle » ce spot qui a « fuité » à l’occasion du lancement du site de rencontres extraconjugales, Ashley Madison. Très certainement, un coup de com’ savamment orchestré, mais là n’est pas le soucis.
L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) a censuré ce film parce que « la référence explicite aux liens du mariage dans l’allégation « cette femme a un mari mais ce n’est pas lui » est de nature à choquer les convictions religieuses et philosophiques des téléspectateurs. »
Voilà déjà de quoi gueuler, quand on apprend, en résumé, que choquer est devenu illégal. Mettons donc les artistes, les clowns et les enfants (les seules personne censées de ce monde) en prison.
Rappelons donc, que tromper sa femme ou son mari est seulement immoral, et encore, la discussion est ouverte. Rappelons aussi que la philosophie permet, justement, de s’élever au-dessus de ces vacuités. Et que messieurs Nietzsche, Schopenhauer (surtout lui) et consort ne veulent pas être associés à la décision de l’ARPP.
Mais le vrai scandale n’est pas là. Il devrait l’être si on ne s’habituait pas à la restriction quotidienne de la liberté d’expression, mais on s’habitue, donc passons.
Non, le vrai scandale, c’est le film en lui-même. Nul, zéro, aucun intérêt, la lie de la créativité, une résurgence des années 90 que même le 3615 ULLA aurait vomi. Pourtant, il s’agit tout simplement du brief rêvé. « Monter une campagne pour un site de rencontres extraconjugales ». Tout créatif normalement constitué doit entamer une danse de la joie, et pondre le film le plus jouissif de son existence.
Alors merci à l’ARPP d’avoir censuré ce film. Les gens se tromperont toujours autant, l’amour fera toujours souffrir, les religieux seront toujours choqués et les philosophes seront toujours invoqués pour rien. Mais, au moins, nos yeux éviteront de subir l’outrage de voir ce spot.
Au passage, tout de même, cette affaire nous rappelle grandement celle de la campagne d’affichage des Infidèles, et nous fait poser une dernière question : messieurs les censeurs, un soucis avec votre quéquette ?