Après avoir décliné ces 20 dernières années (largement grâce à l’éradication de la pauvreté en Chine), depuis 2016, la famine dans le monde augmente, affectant environ 10% de la population mondiale. Dès juin 2020, les Nations Unies sonnaient l’alarme, appelant à une action immédiate pour éviter à des « centaines de millions » de gens de mourir de faim. Plus récemment, on parle de 320 millions de personnes ayant perdu accès à leurs besoins alimentaires. Les pays touchés sont le Yémen, la Syrie, l’Afghanistan, mais aussi la RD Congo, le Honduras, l’Inde, le Brésil et l’Amérique du Sud…
Le GEAB ajoute dans son rapport que « selon certains calculs, près de 8 millions de personnes sont mortes de faim depuis le début de l’année. A titre de comparaison, la Covid a tué 5 millions de personnes en près de 2 ans. Mais la Covid tue indistinctement tandis que la famine ne tue que les pauvres… »
A titre d’exemple, le président Biden s’enorgueillit des 10 milliards qu’il a réussi à trouver pour financer un programme pluriannuel « Feed the Future » de lutte contre la faim dans le monde. 10 milliards, de qui se moque-t-on ?… Les marchés financiers brassent pendant ce temps non pas des dizaines, ni des centaines mais des milliers de milliards… à l’échelle d’ailleurs des dettes des États. Que peuvent bien faire nos politiques dans ce contexte ?
Aux États-Unis, grâce à l’aide, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire (10,5%) n’aurait pas augmenté entre 2019 et 2020. Mais la question reste entière pour 2021, année de mise en évidence de la crise des chaînes d’approvisionnement. La population affolée vide les rayons des magasins et entasse chez elle des réserves alimentaires, aggravant le problème. Inflation, disruptions de l’approvisionnement et déserts alimentaires peuvent se combiner en vraie catastrophe humanitaire dans « le pays le plus riche du monde.
Et quel est le futur pour l’Europe ?
« En Europe, l’insécurité alimentaire est très inégalement répartie : entre 3,5 et 20% selon les pays pour une moyenne autour de 7% malgré la richesse et les filets sociaux du continent. Et l’avenir est sombre. La presse unanime anticipe une aggravation des crises alimentaires qui est bien entendu systématiquement associée à la Crise Climatique, celle contre laquelle on ne peut rien à part réduire la population ou l’appauvrir pour pouvoir financer des avenirs technologiques hypothétiques… »
Anticipation d’un effondrement :
« Grande démission, suicides, drogues…A force d’annoncer la disparition de l’emploi, les employés prennent le large. Burn-outs, suicides au travail, pression insoutenable sur des salariés à qui l’on répète qu’on n’a pas besoin d’eux, qu’on ne les garde que pour éviter de gonfler les chiffres du chômage… »
Tout concourt à ce sentiment diffus :
. le retour post-pandémique à la vie et aux foules de rue subitement rendues insupportables par comparaison au calme des confinements ;
. la mise en évidence d’un monde non-occidental dix fois plus nombreux que « nous », questionnant nos sociétés, nos identités, nos modèles ;
. l’obsession environnementale qui a transformé les humains en ennemis systémiques de notre bonne mère Nature ;
. la crise existentielle liée à la remise en question de l’utilité des êtres humains, ni travailleurs (à cause de la tech) ni consommateurs (à cause de la pollution) ;
. la disparition en Occident de la pensée sociale et humaniste au profit d’une pensée environnementale et naturaliste ;
. les difficultés croissantes de nos systèmes sociaux écrasés sous le poids de 30 années de désinvestissement libéral, du vieillissement de la génération Babyboom, et des surcoûts liés à la pandémie et à ses conséquences (chômage, appauvrissement, maladies physiques et psychiatriques, drogue,…) ;
. la mise à distance graduelle du monde opérée par la remontée des frontières, le rapport flou à la réalité des humains branchés au monde virtuel, et le contrôle de l’information relançant le processus classique de déshumanisation des « Autres », ces masses sans visages grouillantes et menaçantes venues d’ailleurs ;
. le totalitarisme trans-humaniste qui s’installe ;
. les fantasmes de décroissance qui accompagnent tout cela et qui supposent sans oser le dire une décroissance démographique pour commencer…
Le pessimisme ambiant se nourrit à la fois du sentiment d’exaspération croissante envers les Autres mais aussi de l’horreur qui naît à la perspective des conséquences de ce sentiment, à savoir l’acceptation graduelle du laisser-mourir (social), voire du faire-mourir (géopolitique).
Nous anticipons qu’au cours des 5 à10 prochaines années, ce sont des centaines de millions d’individus qui vont disparaître prématurément de la surface de la terre de diverses manières.
Ce grand délestage humain est en germe tout autant dans l’effondrement des systèmes sociaux que dans les montées de tensions géopolitiques.