Il y a toujours eu en France des dessinateurs de caractères de renom comme Roger Excoffon ou Jean François Porchez. Il y a toujours eu aussi des graphistes qui accordaient un certain soin à la typographie pour leurs livres et leurs affiches. En revanche, l’usage de la typographie dans la publicité n’était pas très bon. Il est donc très important que cette catégorie existe au sein du Club des Directeurs Artistiques. Elle est de nature à encourager la profession à regarder et à soigner la typographie avec davantage d’acuité.
Il est d’ailleurs incontestable que les créatifs d’agence y sont plus sensibles. J’ai l’impression que nous sommes désormais sur une bonne tendance et le niveau général était assez bon, notamment en ce qui concerne les usages de la typographie. Le jury a vu des travaux très soignés et des idées brillantes pour placer la typographie au coeur de la création. Toutefois, nous n’avons pas vu énormément de choses parmi les annonces presse, alors que plusieurs projets intéressants avaient émergé cette année.
Il y a encore un déficit de notoriété pour ce prix. Dans la création de caractères, le jury a été parfois un peu déçu par des choix qui n’étaient pas assez radicaux avec, par exemple, la création de lettres et de caractères multi-usage mais qui au final manquaient de force et de cohérence. Parfois l’idée est bonne et le projet innovant mais l’exécution pas suffisamment aboutie. À l’inverse, des choses remarquablement produites ont déçu car trop attendues.
Le jury a voulu récompenser les travaux qui, à partir d’une bonne idée, sont allés jusqu’au bout de la réalisation. Ce qui a été choisi pour être dans le livre répond de manière très forte à ce qui relève de l’innovation ou d’une parfaite exécution. Les travaux qui ont mérité un prix conjuguent les deux aspects. Même si cette catégorie se cherche encore un peu, elle rassemble une belle diversité de projets car elle est à l’intersection de différents univers de la création graphique.
Loran Stosskopf
Président du Jury Typographie