Pourquoi lui ?
Vous connaissiez Oriana Fallaci ? En tout cas, nous, non. Pourtant… Icône du journalisme et du féminisme. Icône de la liberté par delà le sexe et la profession. Un véritable personnage de cinéma (une industrie qui a essayé mille fois de l’embaucher, mais elle a toujours refusé, peut-être pour être sûre de mieux écrire son propre film. Un peu comme ce vieux Oscar disait : « J’ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n’ai mis que mon talent dans mes oeuvres. »).
Une biographie qui ne serait rien sans la plume géniale de précision et d’humilité de Cristina De Stefano (à qui l’on doit déjà énormément pour avoir découvert le magnifique La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joel Dicker).
Où le lire ?
N’importe où quand vous sentez votre détermination flancher.
Incipit.
« Tu n’auras pas beaucoup de temps pour comprendre et accomplir des choses. »
Le passage à retenir par cœur.
Lorsque Khomeini, agacé par ses questions sur la condition des femmes en Iran, lui répond de manière sarcastique – « Si la robe islamique ne vous plaît pas, vous n’êtes pas obligée de la porter. Le tchador est fait pour les femmes jeunes et honnêtes. » -, Oriana réagit en arrachant son voile dans un geste de colère. C’est l’indignation/ Khomeini, qui n’accepte pas de se trouver en présence d’une femme à la tête découverte, quitte la pièce. Oriana refuse de s’en aller, protestant qu’elle n’a eu droit qu’à la moitié de l’interview. Elle reste assise pendant des heures, jusqu’à ce que le fils de Khomeini jure sur le Coran qu’elle sera reçue de nouveau le lendemain. Oriana raconte : « Le lendemain, Khomeini est arrivé. Je l’ai regardé droit dans les yeux et lui ai dit : « Maintenant, imam, reprenons là où nous nous sommes interrompus hier. Vous me disiez que je suis une femme indécente… » Alors, Khomeini a fait une chose très intéressante. Lui qui ne regarde jamais les gens en face, mais a toujours les yeux rivés à terre, il m’a regardée en face avec un sourire amusé! Il était drôle, parce qu’il ne pouvait pas rire. » Ses amis ses souviennent qu’Oriana faisait une imitation très réussie du vieil imama, surtout de son demiè-sourire.
À qui l’offrir ?
À toutes les femmes. Les hommes sont peine perdue.
Oriana une femme libre, Cristina De Stefano, éd. Albin Michel, 319 p., 24€