Pourquoi elle ?
Parce qu’elle a 24 ans et publie déjà son 5ème livre. Parce qu’elle nous raconte le poids des attentes, des images que l’on se forme de soi. Attentes personnelles, attentes des autres, attentes d’une ville de province, attentes amoureuses… bref, le principe du bonheur bouddhiste par l’absence de désir en roman. Parce qu’il y a pire que de vivre selon les attentes des autres, il y a de ne pas y arriver.
Parce que celui qui tente de porter l’imagination des autres peut rire aux visage d’Atlas qui, lui, ne porte que la réalité.
Où le lire ?
Vautré(e) dans le canapé, en train de remettre à demain quelque chose que vous ne ferez jamais.
Incipit
« Une chose est sûre, il ne suffit pas de savoir que quelqu’un ne reviendra pas pour cesser de l’attendre. »
Le passage à retenir par cœur.
« Ce n’est pas parce que vous vivez avec quelqu’un que vous connaissez cette personne mieux que quiconque. C’est l’inverse : plus vous êtes proche, moins vous portez d’attention à certains gestes. Englués dans l’amour, les mots, les sourires, les injures n’ont pas la même valeur. L’intimité vous empêche de prendre du recul. Vous ne voyez que de face, pas d’ombre, pas de contraste, pas de secret planqué sous les piles de draps propres. Vous ne faîtes pas attention à ces choses-là, puisque vous êtes sûre, tellement sûre de vous. Ça dure depuis des années, alors pourquoi ça s’arrêterait maintenant ? On s’est toujours aimés, on se l’est toujours dit. Et alors ? J’ai passé ma vie à dire que j’aimais le poisson, alors qu’en fait je déteste ça. J’ai menti pour qu’on me fiche la paix. Pour qu’on arrête de me poser la question. Mon frère a fait la même chose : il n’a pas dit qu’il aimait Joanna, il l’a juste épousée, c’est différent. »
À qui l’offrir ?
À Nicolas Sarkozy. Parce que la soif de victoire n’amène que la déshydratation et parce qu’on n’oublie pas la Princesse de Clèves.
Le cœur du Pélican, Cécile Coulon, éd. Viviane Hamy, 238 p., 18 €.