Pourquoi lui ?
Vus de l’espace, ils ressemblent à des veines. À des artères abreuvant la vie. Et c’est exactement ce que sont les fleuves. Les pourvoyeurs d’eau douce ont créé les terres fertiles, réparti l’expansion végétale, puis animale et enfin humaine. Des centaines de milliers, de millions d’années soumis aux fleuves. Et puis, l’homme moderne est arrivé. Avec son illusion de s’être affranchi de son environnement par la technologie. Une illusion ancrée au corps. Portée comme un étendard de son époque.
Et bien, cette illusion, Franck Vogel l’a fait sauter. Il nous rappelle que notre dépendance aux fleuves n’a peut-être jamais été aussi grande. La preuve : nous les détruisons. Comme ce Colorado devenu le premier (et pour l’instant unique) fleuve a ne plus se jeter dans l’océan. Tari avant son de rencontrer son destin. Tari pour faire pousser des végétaux là où rien ne pousse.
Et les fleuves seront demain, plus que jamais, la convoitise de toutes les nations.
Aucun élément sur cette terre ne cristallise plus la géopolitique qu’un fleuve. Comprendre l’économie américaine avec le Colorado. Saisir l’emprise d’Israël sur la Palestine avec le Jourdain.
Comme le dit Hubert Reeves en exergue de cet ouvrage : « À l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or. »
On allait oublier : les photos sont magnifiques.
Plongez dans la guerre invisible de l’accès à l’eau.
Où le lire ?
À la plage, pour comprendre d’où vient l’eau qui berce vos orteils.
Le passage à retenir par cœur.
Les villages palestiniens n’ont pas dd’autres choix que de se rendre à Jéricho pour se procurer l’eau dont ils ont besoin. Pendant ce temps, à quelques kilomètres, les colons israéliens disposent d’eau à volonté tout l’année, même pour arroser leur pelouse extraordinairement verte.
À qui l’offrir ?
À tout ceux qui nous bassinent avec des explications économiques compliquées pour justifier les conflits. La guerre se mène pour des matières premières (or, pétrole, minéraux…) ou des accès géographiques (base méditerranéenne russe en Syrie…). Les raisons sont les mêmes depuis toujours, et les choses ne risquent pas de changer avec la raréfaction en cours.
Fleuves frontières, Franck Vogel, éd. La Martinière, 262 p., 39 €