L’ère moderne résumerait certainement le travail de Mélanie Bonajo par un laconique et réducteur : WTF. « Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… Oh! Dieu!… bien des choses en somme. »
L’artiste protéiforme travaille sur paradoxe. Ces paradoxes à l’aune desquels Kant jugeait l’intelligence s’il ne nous menait pas à la folie. Un chemin que les Grecs suivaient également. Et que Mélanie Bonajo met en image de façon encore plus frappante. Parce que si le paradoxe du Crétois ou de l’arbre qui tombe dans la forêt déserte peut parfois résonner dans un crâne vide, les images, elles, percutent instantanément les rétines et brûlent les neurones. C’est donc sur une frontière que nous déambulons puisque « le fou n’est pas l’homme qui a perdu la raison: le fou est celui qui a tout perdu, excepté sa raison » comme le souligne Chesterton.
Comment appréhender ce travail par sa raison, nous aimerions comme c’est souvent le cas dans ces univers, laisser alors l’imagination prendre les rênes, mais, ici, impossible, puisqu’elle nous mènerait aux limites d’un monde dont on préfère ignorer l’existence.
Mélanie Bonajo écarte les invisibles interstices de la réalité pour que nous apercevions la folie, à la manière d’un Philip K. Dick.