La technique date de la moitié du 19ème siècle, mais a été abandonnée il y a plus de cent ans déjà. La mise en scène, elle, le cadrage, ne trompent pas, la modernité est là. En résulte une étrange sensation d’insaisissable, d’atemporel. « C’est un travail quasi autobiographique. Sur l’absence, le retour sur soi, la fuite du temps, l’inexorable avancée vers la mort. D’où les vanités. » À ces mots d’Éric Antoine, on pense à une œuvre proustienne, à la recherche d’un temps perdu. La référence, il la comprend et se sent proche de l’écrivain dans son sens du détail. « J’ai assez fait d’instantanés (Éric a couvert l’âge d’or du skate pour les plus grands magazines, ndlr), aujourd’hui, je fais une photo par semaine. Je pense la photo comme on pense une peinture. Je suis nul en peinture, mais j’essaie de retrouver ses sensations grâce à cette technique. »
Retiré à la campagne, il prend le temps d’offrir de l’éternel à ses photos. « En utilisant la chimie, je crée des zones spectrales. Les corps sont comme mangés. »
Une technique lente. Des photos atemporelles. Un art qui s’extirpe de la course du temps, comme seule la mort semble pouvoir le faire. Et apprivoiser la mort, ou au moins l’approcher, n’est-ce pas le but de chaque art ?
Aujourd’hui, Éric Antoine a 39 ans, est bien vivant, et il exposera sa série Ensemble Seul à la Laurence Esnol Gallery dans le 6ème, à partir du 18 octobre.